lundi 20 septembre 2010

Réponse à Marion

Je crois que rien ne remplace la pratique pour progresser. As-tu déjà essayé, dans la belle région où nous vivons, de te placer face à un motif et de le dessiner? Il ne s'agit pas de prétendre rendre un compte rendu exhaustif du réel, une photo le ferait mieux que toi, mais bien de restituer ce que tu ressens, de styliser ce que tu vois... Reste aussi à avoir les bons matériaux. Avec quoi veux-tu dessiner? Un simple crayon? De l'encre, des aquarelles? Un feutre?
Un exercice sympa, par exemple : l'an dernier en revenant de Marseille tous les lundis j'avais une heure d'attente à la gare de Toulon. J'en profitais pour me caler près de la fontaine de la place de la Liberté et je "croquais" les gens qui passaient : en fait tu as trente secondes au maximum pour exprimer une attitude, une démarche, une allure, c'était à la fois grisant et épuisant. En fait, sur 10 dessins tu en as un de bon, je veux dire qui tienne la route, parfois deux. C'est pourquoi je te conseille de travailler sur des carnets bon marché car on est souvent tétanisé par la peur de gâcher le support. Gomme à proscrire, bien sûr. D'autres fois, je me postais devant un sujet plus stable : une maison, une enfilade de toits, un bout de port, qui permettaient de s'attarder sur les détails. Ce qui est aussi enrichissant, c'est de réaliser plusieurs dessins avec des techniques différentes sur un même sujet. Enfin, il me semble que dans les dessins de voyage, les textes doivent se mêler aux dessins : impressions personnelles, bribes de phrases entendues qui viennent figer l'instant, ou, carrément, collages ajoutés (notes de bar, logos sur serviettes en papier récupérés, bouts de journaux locaux...) A mon avis, c'est ce genre de démarche qui donnera vraiment une "âme" à tes carnets plus que la recherche de virtuosité ou d'exactitude graphique...
Voilà, je ne sais pas si ça peut t'apporter quelque chose mais n'oublions pas ce que disait Cézanne : "On ne réfléchit bien que les pinceaux à la main"...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

merci pr cette réponse..qui ne fait que m encourager !
après tout...Titouan Lamazou a bien du gribouiller avant de pouvoir croquer quelque chose..enfin, je mets la barre un peu haut..et puis, c'est plutôt drôle de voir dans la rue le regard admiratif des passants qui change bien sûr une fois qu'ils ont passé la tête au dessus de ton épaule...
enfin Louis Pons disait bien "on dessine pour se trouver et on rencontre les autres" ; )

Association des amis du musée Mélik a dit…

Excellent, ce Louis Pons, ami du grand Mélik! Je ne connaissais pas cette citation, très juste.